Depuis la fondation de notre association il y a 20 ans et l’adoption de l’Initiative des Alpes 5 ans après, nous n’avons pas chômé mais sommes encore loin de notre objectif que nous voulons atteindre en 5 ans et non en 10 : nous pouvons encore remplir l’autre moitié du verre si nous travaillons ensemble efficacement et avec entêtement!
Dessin : Diego Balli
Les articles 84, al. 2, et 182 de la Constitution fédérale donnent au Conseil fédéral la compétence et la mission d’appliquer l’article sur la protection des Alpes. La Suisse ne disposant pas de tribunal constitutionnel, nous sommes dans l’impossibilité de l’imposer. Le Conseil fédéral a donc choisi la longue voie légale qui a abouti entre-temps au projet sur le transport de marchandises adopté au Parlement. Cette approche a permis au Parlement d’édulcorer l’argumentaire de ferroutage, risquant ainsi de saboter de facto la volonté du peuple.
Depuis des années, le peuple suisse demande de manière résolue, cohérente et durable une politique des transports transférant enfin clairement le trafic de poids lourds de la route vers le rail. En 1994, le peuple suisse a ancré l’article sur la protection des Alpes dans la constitution fédérale et entériné un article de principe relatif à une redevance poids lourds liée aux prestations (RPLP) ; en 1998, il a adopté la loi sur la RPLP ainsi que le Fonds pour les transports publics sans oublier deux ans plus tard l’accord sur les transports terrestres et la loi relative au transfert des marchandises sur le rail qui arrive maintenant à expiration (date butoir de transfert fixée à 2009 !); en 2004, les citoyens ont clairement rejeté aux urnes le train de mesures Avanti avec ses projets routiers pharaoniques et la construction d’un deuxième tunnel routier au Gothard.
Il faut une nouvelle approche
La politique de transfert requiert une nouvelle approche pratique pour fuir la situation actuelle aisément menacée de surchauffe. Il faut réduire maintenant de manière rapide et ciblée le nombre de camions traversant les Alpes pour éviter d’être bientôt la victime d’une nouvelle augmentation du trafic de poids lourds nocif pour la santé et l’environnement.
Le Conseil fédéral et notamment le ministre des transports doivent agir. Deux instruments centraux sont actuellement en exergue : l’introduction rapide de la bourse du transit alpin qui s’est avérée prometteuse et une meilleure exploitation et l’extension progressive des capacités ferroviaires pour le trafic de transit. Pour ce faire, il faut modifier les prix des sillons (décidés dans le cadre du projet sur le transport de marchandises de décembre 2008) et développer ponctuellement la voie d’accès au Gothard (env. CHF 90 millions mobilisables dans le cadre du programme conjoncturel de la Confédération).
Ces mesures permettront de transporter en plus par rail à travers les Alpes env. 8 millions de tonnes nettes de marchandises d’ici à 2012/2013. C’est exactement ce dont nous avons besoin pour réduire de moitié l’avalanche actuelle de camions et atteindre l’objectif de transfert annuel de 650’000 camions dans les Alpes.
C’est pourquoi j’ai parlé de 5 ans en titre pour ne pas attendre 10 années de plus ! En effet, la nouvelle loi relative au transfert de marchandises est précise et claire : « Cet objectif doit être atteint au plus tard deux ans après la mise en service du tunnel de base du Saint-Gothard. » Au plus tard : cela signifie que nous ne devons pas attendre 2019 mais que nous pouvons et devons atteindre cet objectif beaucoup plus tôt – dans l’intérêt de ceux vivant à proximité des axes de transit (ce qui ne concerne pas que les Uranais et les Tessinois) et pour l’environnement – nous le devons au peuple suisse !
Peut-être que, comme le dit l’ancien Conseiller fédéral Ogi dans une interview (page 3 et suivantes de l’Echo), l’Initiative des Alpes est devenue un peu plus calme 15 ans près son légendaire succès aux urnes. Néanmoins, avec nos propositions, rappels et actions nous sommes toujours la force motrice marquant de son empreinte décisive la politique de transfert alpine et européenne !
Réfléchir et agir dans l’intérêt de toutes les Alpes sera toujours une devise de l’Initiative des Alpes. En d’autres termes, nous voulons continuer à agir au niveau régional, national et international pour appliquer la mission que nous a confiée le peuple. Nous nous réjouissons de ce qui a été atteint et sommes quelque peu énervés par cette moitié de verre encore à remplir. Nous assortissons le tout d’un avertissement : s’il s’avère effectivement que le Conseil fédéral ou le Parlement sabote la politique et l’objectif de transfert, le peuple interviendra à nouveau sans attendre 2019. Buon lavoro a tutti noi !