Lors de sa séance d’aujourd’hui, le Conseil national s’est penché de manière approfondie sur le transfert. Il approuve trois interventions de la commission, qui devraient donner de nouvelles et importantes impulsions au transfert du trafic de marchandises vers le rail. Un nouvel élan est absolument nécessaire puisque le Conseil fédéral a omis de proposer dans son rapport sur le transfert 2023 des mesures efficaces qui permettraient de renverser la tendance à la stagnation voire au recul du transfert.
Suite au rapport sur le transfert 2023, la commission des transports et des télécommunication (CTT-N) a procédé à des auditions auprès des acteurs actifs dans la politique de transfert et décidé de diverses interventions. Ces cinq interventions ont été traitées aujourd’hui par le Conseil national, trois d’entre elles ont été adoptées à une large majorité. Il est regrettable que le Conseil national ait rejeté deux interventions, l’une sur l’adaptation complète de la RPLP au renchérissement et l’autre sur l’examen d’une taxe de transit alpin pour le trafic lourd.
Une nouvelle dynamique pour le transfert modal est nécessaire, car le rapport sur le transfert révèle clairement que non seulement le transfert modal ne progresse pas, mais qu’il recule même : en 2022, le nombre de courses de poids lourds atteignait 927 000. Ce qui correspond à une augmentation de +7,5 % au cours de la période d’observation 2020-2022. Cette hausse du nombre de camions met des points de suspension à l’histoire gagnante de la politique de transfert en Suisse. En 2022, l’objectif de transfert de 650 000 trajets de poids lourds à travers les Alpes fixé dans la loi a de nouveau été dépassé, de 277 000. Les chiffres de 2023 (916 000) ont été légèrement inférieurs, mais ceci pour des raisons de conjoncture. La part ferroviaire du trafic de son côté a même diminué alors qu’il est évident que le transfert du trafic de marchandises sur le rail est bénéfique au climat, à la biodiversité et à l’environnement. Contrairement au transport routier de marchandises, le transport ferroviaire est électrique et efficace sur le plan de l’énergie et de l’utilisation de l’espace.
L’Initiative des Alpes se déclare satisfaite que le Conseil national ait approuvé les trois interventions suivantes :
- Motion « Encouragement du transfert vers des distances de transport moyennes »: grâce à cette motion, davantage de moyens financiers d’encouragement seront mis à disposition à l’avenir pour le transfert des transports sur de moyenne distance, sans pour autant réduire ceux destinés aux transports sur de plus longue distance. Cette motion stimule la politique de transfert sans opposer les transports de longue aux transports de moyenne distance.
- Motion « Stabilisation du transport combiné sur l’axe nord-sud par la mise à disposition de voies tampons » : cette motion demande l’extension de voies tampons qui contribuera à stabiliser rapidement le trafic de marchandises ferroviaire sur l’axe nord-sud à travers la Suisse et améliorera la qualité et l’attractivité du transport ferroviaire.
- Motion « Faire avancer le projet de ligne d’accès à la NLFA sur la rive gauche du Rhin dans l’intérêt du transfert modal » : l’objectif de cette motion est d’obtenir que la Suisse s’engage à promouvoir la construction ou l’amélioration de la ligne ferroviaire alternative à celle de la vallée du Rhin allemande, très utilisée, sur le territoire français. Cet aménagement est nécessaire puisque les chantiers allemands sur la rive droite du Rhin ne se termineront que 25 ans plus tard que ce que l’Allemagne avait promis et qu’entre-temps, il n’y a pas d’accès performant à la NLFA. Un accès à la NLFA sur la rive gauche du Rhin atténuera le problème de transfert dans le corridor du transport de marchandises Rotterdam-Gênes, offrira des capacités supplémentaires tout en étant un complément au réseau précieux lors de chantiers ou de perturbations.
Les trois motions ont le potentiel de donner une nouvelle dynamique à la politique de transfert et donc de réduire fortement les impacts du transport de marchandises sur l’environnement et le climat.