Pour ne pas continuer de perdre des parts de marché à la route, le transport de marchandises ferroviaire sur le territoire suisse doit bénéficier au plus vite de soutien et de meilleures conditions-cadres. Sans cela, il pourrait résulter de sérieuses conséquences pour nos objectifs climatiques, l’environnement et la population. L’Initiative des Alpes approuve que le Conseil fédéral veuille désormais corriger la situation avec un avant-projet mais elle revendique, qu’en plus de ces propositions, un objectif de transfert soit instauré à l’échelle nationale. La protection des Alpes et de l’environnement a besoin de garde-fous plus contraignants, de plus, la Suisse profitera d’une réduction du trafic de transport routier.
La loi sur le transport de marchandises de 2015 se contente de stipuler que le trafic de marchandises sur le territoire national doit en principe s’autofinancer. Pour rappel, le transport routier de marchandises ne supporte qu’un tiers des coûts environnementaux externes occasionnés, soit 2,35 milliards de francs (pour les dommages climatiques, les accidents, le bruit, les embouteillages, la consommation d’énergie, de surfaces et de ressources, etc.). Subventionné aux frais de la collectivité, il est bien trop avantageux. Actuellement, le transport de marchandises ferroviaire n’est pas en mesure de faire face à la concurrence ni à la guerre des prix. Dans le rapport publié aujourd’hui, le Conseil fédéral propose des orientations pour renforcer et stabiliser le trafic de marchandises ferroviaire intérieur et d’import-export au moyen de différents instruments et mesures.
Le Conseil fédéral présente les moyens d’investissement et de promotion possibles pour le transport ferroviaire de marchandises
Il met en discussion un paquet de mesures comprenant des investissements ciblés, des incitations financières ponctuelles ainsi que la commande et l’indemnisation d’une offre de réseau sur le rail. Dans l’une des orientations, il s’agit d’investir de manière ciblée dans le transport ferroviaire de marchandises. 200 millions de francs pourraient être mis à disposition au cours des huit prochaines années dans l’amélioration de l’efficacité : ils seraient investis dans l’attelage automatique numérique qui faciliterait les manœuvres et dans des outils de gestion informatique performants.
En outre, 40 à 60 millions de francs pourraient être utilisés pour couvrir les déficits de son offre de fret ferroviaire prévue sur tout le territoire national. Près de 20 millions par année finalement seraient destinés à des incitations ponctuelles dans le transport ferroviaire. Ces mesures d’encouragement sont absolument nécessaires et doivent être prises rapidement. Sinon, il faudra compter jusqu’à 650 000, soit environ 2 %, de trajets de camions supplémentaires par an sur les routes suisses. Le Conseil fédéral estime que 50 000 transports transalpins par an retourneront à la route. Par conséquent, l’objectif de transfert fixé par la loi à un maximum de 650 000 trajets à travers les Alpes (860 000 en 2021) s’éloignerait encore plus.
Le fret ferroviaire sur tout le territoire national nécessite un objectif de transfert
L’économie suisse est responsable de plus de 500 000 trajets poids lourds sur les quelques 900 000 qui traversent les Alpes par année et dont seules 41 % des courses enregistrées proviennent encore du trafic de transit. L’Initiative des Alpes est d’avis que nous n’atteindrons l’objectif de transfert qu’en fixant un objectif de transfert ambitieux et contraignant pour le trafic intérieur et d’import-export sur tout le territoire national. Une part minimale du trafic de marchandises global doit être effectuée par le rail.
Le trafic de transport de marchandises routier rejette non seulement des polluants atmosphériques nuisibles à la santé et des poussières fines, mais il génère aussi du bruit et est responsable d’accidents et d’embouteillages. Il nécessite en outre beaucoup d’énergie, de surfaces et de ressources. La propulsion efficace à partir d’énergies renouvelables fait du train de marchandises un moyen de transport écologique de premier plan. En adoptant l’initiative des Alpes et la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP), la population a clairement fait savoir qu’elle souhaitait voir plus de marchandises prendre le rail. Plus de trafic ferroviaire serait bénéfique pour elle et pour l’environnement. Le Conseil fédéral et le Parlement sont à présent appelés à mettre en oeuvre la volonté du peuple.