Les Alpes doivent être mieux protégées des nuisances du trafic lourd. Les mesures proposées par le Conseil fédéral ne suffisant de loin pas, il est temps d’introduire une redevance sur le transit alpin.
tob. La bonne nouvelle d’abord : le transfert au rail fonctionne avec succès en Suisse et en comparaison des pays alpins avoisinants, c’est même une réussite. Toutefois, bien trop de camions traversent encore les Alpes. C’est ce que révèle le rapport 2019 du Conseil fédéral sur le transfert et tous les rapports publiés à ce jour sans exception démontrent l’échec de la mise en œuvre du mandat de 1994 !
Bien que le Conseil fédéral ait la responsabilité, selon la loi et la Constitution, de veiller à ce que seuls 650 000 camions traversent les Alpes chaque année, en 2018, ils étaient encore près de 950 000 à le faire. Entre temps les glaciers disparaissent, le pergélisol fond et les sapins se dessèchent sur les versants arides des montagnes. Ces signes devraient être suffisamment alarmants pour inciter les responsables au Palais fédéral à réduire radicalement les émissions de CO2 dans le trafic de marchandises.
Le Conseil fédéral compte continuer la promotion du transfert des marchandises de la route au rail en :
- augmentant la RPLP pour les camions les plus polluants ;
- baissant les prix des sillons et par des rabais pour les longs trains de marchandises ;
- prolongeant les indemnités d’exploitation pour les entreprises de transport combiné ;
- intensifiant les contrôles du trafic lourd par la réalisation entre autres du centre de contrôle Gothard Sud.
Taxe sur le transit alpin
Si ces mesures sont satisfaisantes, elles ne déclencheront toutefois pas de nouvelles impulsions pour réellement protéger les Alpes, le climat et la population. L’approche la plus efficace actuellement serait que la Suisse introduise une taxe dite de transit alpin (TTA) : chaque camion traversant les Alpes s’acquitterait d’une taxe en plus de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP). Jon Pult, président de l’Initiative des Alpes et depuis 2019 conseiller national, veut s’engager au Palais fédéral en faveur d’une TTA. « En complément de la RPLP, une telle taxe serait absolument eurocompatible », dit-il.
A long terme, la RPLP devra être également complétée d’un élément tenant compte des émissions de CO2. Cela signifie que plus un camion émettra de CO2 et plus le transporteur devra payer. L’Initiative des Alpes revendique en outre, que des valeurs limites de CO2 restrictives soient fixées pour les camions neufs. L’objectif est d’obtenir un trafic de marchandises à travers les Alpes climatiquement neutre. Aujourd’hui déjà, le chemin de fer, alimenté par des énergies renouvelables, est la solution de transport la plus respectueuse du climat.
Puisque le tunnel de base du Ceneri et le corridor 4 mètres sur l’axe du Gothard seront achevés en 2020, le rail pourra absorber davantage de marchandises. L’expérience des dernières années a toutefois montré que ni les nouveaux tunnels, ni les mesures décidées par le Conseil fédéral ne suffiront et que de nouveaux instruments pour protéger les Alpes du trafic de transit seront nécessaires. Une taxe sur le transit alpin est indispensable !