Chers amies et amis de l’Initiative des Alpes,
La crise du coronavirus nous a ouvert les yeux sur la vulnérabilité du monde et nous a clairement fait comprendre qu’il y a des valeurs plus importantes que la hausse des cours de la bourse, telles que la protection de la vie humaine, la santé, la solidarité et les liens sociaux.
La pandémie a également démasqué la folie de l’économie hypermondialisée. Des médicaments et des matières premières font soudain défaut en Europe car leur production a été délocalisée en Chine pour des raisons de profit. C’est inacceptable. Nous devons faire en sorte que la fabrication de produits vitaux redevienne régionale car un trajet plus court est bénéfique au climat et aux Alpes. Mettre en place des cycles économiques régionaux nous rendra plus flexibles et plus résistants face aux crises, créera localement des places de travail et apportera une valeur ajoutée. Ici se profilent des perspectives pour l’agriculture, l’artisanat et l’industrie – particulièrement dans la région alpine.
L’économique circulaire est un bon concept qui s’inspire de la nature. Ne pas utiliser plus de ressources que ce qu’il est possible de créer naturellement et ne produire que des déchets recyclables : c’est exactement autour de cette idée que s’articule la politique de transports de l’Initiative des Alpes. Nous voulons éviter les transports inutiles, transférer au rail ceux qui sont nécessaires et rendre le trafic dans son ensemble plus respectueux de l’être humain et de l’environnement. Nous combattons les transports absurdes, renforçons les moyens de transport efficaces et encourageons les chaînes de création de valeur courtes. Nos recettes étaient et restent orientées vers l’avenir, aujourd’hui plus que jamais ! Les derniers mois nous ont aussi montré à quel point la politique peut être déterminée. La science a été impliquée très tôt, les expertises ont été prises au sérieux et le savoir a été traduit rapidement en une gouvernance responsable. La majorité de la population l’a ensuite reconnu et soutenu. Bien qu’il soit encore trop tôt pour tirer un bilan, notre société a montré qu’elle était capable de relever de grands défis.
« Mettre en place des cycles économiques régionaux nous rendra plus flexibles et plus résistants face aux crises. »
Une autre conclusion à tirer de la crise du coronavirus est qu’une restructuration écologique de notre économie devient impérative. Pendant quelques mois, le virus a ralenti notre vie économique et réduit ainsi la pollution de l’environnement. Un nouveau départ est important pour que les salarié-e-s, les indépendant-e-s et les entreprises puissent à nouveau générer des revenus décents. Mais le risque est grand de se retrouver très bientôt là où nous étions avant
la pandémie : au bord de la catastrophe climatique. Nombreux sont ceux qui prennent cette menace existentielle moins au sérieux que la pandémie. Comme si elle ne nous mettait pas elle aussi directement en danger. Nous devons vaincre de telles réflexions car la collectivité prime sur l’avidité du gain. Un gain à court terme pour une économie construite sur l’énergie fossile est une perte pour l’humanité entière. Miser sur une croissance de manière unilatérale ne suffit plus. Il ne peut y avoir de nouveau départ durable sans une société équitable ni un environnement sain et ceci doit devenir un consensus si nous voulons maîtriser la crise climatique après celle du coronavirus.
En tant qu’Initiative des Alpes, nous nous engageons depuis trente ans pour une restructuration écologique des transports et en faveur du climat. Pour nous, protéger le climat, c’est protéger les Alpes et vice-versa. Nous nous battons pour que le trafic de marchandises en transit à travers les Alpes soit transféré vers le rail dans son ensemble. Nous nous battons pour que le trafic dans les Alpes et ailleurs n’émettent plus du tout de CO2 et cela le plus vite possible. Ça veut dire une politique climatique solide et une contribution concrète à la réalisation de l’objectif climatique de zéro émission de gaz à effet de serre nette.
Notre engagement est international. La protection des Alpes ne signifie pas simplement protéger les Alpes suisses, c’est aussi s’engager pour la culture et la nature dans tout l’arc alpin. C’est pourquoi, nous nous associons aux mouvements citoyens de nos pays voisins, travaillons en réseau avec des organisations environnementales de toute l’Europe et faisons du lobbying et de la politique à Berne et à Bruxelles. Nous pensons de manière globale, travaillons à l’échelle locale et agissons sur le plan international. Les expériences faites lors de la crise du coronavirus doivent renforcer cette approche car il est plus évident que jamais que les problèmes transfrontaliers ne peuvent être résolus qu’à l’échelle internationale. Ce concept ne contredit pas l’idée des cycles économiques régionaux car les régions ne s’arrêtent pas aux frontières nationales et ce sont uniquement des règles communes qui les rendront plus fortes.
L’Initiative des Alpes est une communauté de citoyens et citoyennes actifs dans toute la Suisse. Nous nous engageons pour la protection des Alpes, en faveur de notre précieux espace vital. Nous voulons mettre un terme au réchauffement climatique et promouvoir une économie durable. Dans l’objectif de protéger les Alpes en tant qu’espace naturel et culturel pour les générations futures, nous revendiquons une plus grande détermination de la part de notre gouvernement, de notre Parlement, de nos entreprises et de nous tous en tant que peuple.
« Nous pensons de manière globale, travaillons à l’échelle locale et agissons sur le plan international. »
Ensemble, nous pouvons prouver que nous sommes capables de venir à bout des grandes crises de notre époque. L’expérience de la crise du coronavirus doit nous rendre plus courageux et plus clairvoyants car nous avons besoin d’un départ vers un avenir écologique et solidaire mais pas d’un retour à une normalité sujette aux crises.
Jon Pult, Coire
Conseiller national et président de l’Initiative des Alpes