Le Conseil fédéral réalise enfin la promesse qu’il a faite en 2011 d’augmenter la RPLP, comme on peut le lire dans le rapport sur le transfert du trafic publié aujourd’hui. L’augmentation prévue est toutefois bien inférieure à ce qu’elle pourrait être. La Confédération a perdu 2,75 milliards de francs de recettes depuis 2005, parce que le niveau de la RPLP était trop bas. Ces subventions indirectes accordées au lobby des camionneurs sont une des raisons essentielles pour laquelle le Conseil fédéral et le parlement n’ont pas encore atteint l’objectif de transfert.
La RPLP forme un élément central de la politique de transfert suisse. Un camion qui circule en Suisse paie pour chaque kilomètre parcouru une redevance conformément à sa catégorie d’émission. La population a approuvé à une large majorité la RPLP en 1998. La RPLP fait aussi partie des accords bilatéraux avec l’UE : la Suisse peut exiger au maximum 325 francs en moyenne pour le trajet de Bâle à Chiasso. L’accord prévoit une adaptation de la redevance à l’inflation tous les deux ans.
Jon Pult, le président de l’Initiative des Alpes, critique: « Le Conseil fédéral ne cesse de nous promettre depuis 2011 qu’il augmentera la RPLP. Au lieu d’exploiter le montant maximal de 325 francs pour la redevance accepté par l’UE, le trajet entre Bâle à Chiasso n’est facturé qu’à 274 francs ! » Les calculs de l’Initiative des Alpes démontrent que la Confédération a ainsi subi un manque à gagner de 2,75 milliards de francs entre 2005 et 2014. Si la Confédération avait facturé les 325 francs possibles et avait adapté le montant à l’inflation, un camion devrait débourser aujourd’hui pour un trajet en transit en moyenne 60 et non pas seulement 50 francs de plus ! En outre, le nombre de poids lourds traversant les Alpes aurait pu être notablement réduit.
Manuel Herrmann, responsable de la politique de protection des Alpes de l’Initiative des Alpes, ajoute : « La décision du Conseil fédéral et du parlement de vouloir construire un second tunnel routier au Gothard offre tout grand les vannes au trafic de transit sur la route. Ce n’est pas ce que l’on attend d’une politique de transfert conséquente – sauf s’il s’agit de transférer à nouveau les marchandises du rail à la route ! Cela explique peut-être la volonté du Conseil fédéral de rediscuter de l’objectif de transfert. »
Dans six mois le tunnel de base du Gothard, le maillon central de la NLFA, qui coûte au total 24 milliards de francs, sera inauguré. Le Conseil fédéral et le parlement doivent enfin joindre le geste à la parole et montrer qu’ils prennent la volonté populaire et le transfert au sérieux. « Il faut pour cela prélever à l’avenir le tarif maximum de la RPLP et l’adapter au renchérissement. De plus, il faut promouvoir les innovations dans le trafic ferroviaire et augmenter considérablement le nombre de contrôles des camions, notamment au Simplon », dit Mathias Reynard, membre du comité de l’Initiative des Alpes et conseiller national VS.
Jon Pult rappelle : « La population a la possibilité le 28 février d’assigner les camions au bon endroit : au rail, par le nouveau tunnel de base au Gothard. Mais cela nécessite un Non clair au second tunnel routier. »