Selon un sondage publié par le Sonntagsblick le 17 juin 2012, le 68% des personnes interrogées serait favorable à la construction d’un deuxième tunnel routier au Gothard. Mais de quelle sorte de tunnel? Selon 62% des sondés, il pourrait être financé grâce à un péage routier – mais pour cela, la Constitution devrait être modifiée, l’utilisation des routes publiques étant exempte de taxe. Le 75% se prononce pour un tunnel à deux voies – mais pour le réaliser, il faudrait aussi modifier la Constitution, l’extension de la capacité des routes alpines de transit étant interdite. Et troisièmement : seul le 38 % des sondés serait d’accord de supprimer l’article constitutionnel sur la protection des régions alpines limitant le trafic. Ce qui signifie que 62 % soutiennent la protection des Alpes telle qu’elle a été consignée lors de l’adoption de l’Initiative des Alpes en 1994. Le 56%, lui, s’accommoderait d’un tunnel à une seule voie.
Avec pour titre « Jein gibts nicht »,dont l’équivalant en français est « une réponse normande n’est pas possible », le rédacteur en chef du Sonntagsblick a commenté les déclarations contradictoires de ce sondage. Il écrit : « Le peuple a pris une décision longue de 16,9 kilomètres. Oui ! Nous voulons un deuxième tunnel au Gothard. Oui ! Nous sommes même prêts à le payer. Mais ! Nous ne voulons aucune augmentation du trafic dans les Alpes – la limite des capacités exigée par l’Initiative des Alpes doit être maintenue.» Et maintenant ?
Dans son commentaire, le rédacteur en chef poursuit : « En politique des transports, il n’est pas possible d’exiger le beurre et l’argent du beurre. Personne ne croira réellement que ces deux tunnels ayant coûté une fortune ne seront utilisés que sur une seule voie ad vitam aeternam. » C’est pourquoi, conclut-il, lors d’une votation éventuelle, le peuple suisse devra se décider entre « voie libre ou protection alpine».
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