La décision de Doris Leuthard de construire un deuxième tunnel routier a réveillé la Suisse romande. Jusqu’ici, la problématique du Gothard n’y avait soulevé que peu de discussions.
es. La Romandie s’est manifestée immédiatement et toutes les réactions étaient au diapason. Côté arc lémanique surtout car la situation en matière de circulation y est précaire. Patrick Eperon, coordinateur du Comité rail-route Vaud-Genève (fondé par les associations économiques de la région) expliquait que l’on attendait du Conseil fédéral qu’il démontre rapidement de quelle façon, il compte financer tous les projets prévus sur le plateau : « Sinon, le chaos routier est programmé et ce sont surtout l’économie et l’aéroport de Genève qui en souffriront le plus. »
Le financement du projet gothardien surtout reste en travers de la gorge des Romands. La Suisse romande paie trop souvent pour des infrastructures sans avantage aucun pour sa région. Dernier exemple en date : la construction pour environ 20 milliards de francs des lignes ferroviaires de base au Lötschberg et au Gothard. Mais pourquoi donc alors redépenser 2,8 milliards et creuser un deuxième tunnel routier au Gothard ? Sur cet axe, certes important, ne transitent en moyenne que 17 000 véhicules par jour alors qu’entre Lausanne et Genève, ce sont entre 75 et 100 000 qui circulent quotidiennement.
La Romandie compte 38 % de la population suisse. Sa demande en mobilité a fortement augmenté ces dernières années. Pourtant, pour le développement du rail, elle n’a touché que 26 % des moyens fédéraux mis à disposition. Le retard à combler est indiscutable! Olivier Français, conseiller national PLR et ténor de la politique vaudoise s’exprime: «Le projet au Gothard ne doit être entrepris qu’après la réalisation des projets déjà présentés. »
En juin, Jean-Pierre Grin, conseiller na-tional UDC vaudois s’inquiétait et demandait au Conseil fédéral par le biais d’une interpellation, comment il prévoyait le financement de tous ces projets. Madame Leuthard s’est voulue rassurante et a déclaré que l’argent viendrait de différentes cagnottes du budget fédéral. Mais qui, on le sait, sont toutes financées par la même source. Et Patrick Eperon d’ajouter : « Tel qu’il est présenté, ce projet au Gothard fera concurrence à d’autres projets, en particulier à ceux du contournement de Morges ou de la future traversée du Léman à Genève. Nous nous y opposerons! »
Même si Berne nie ce fait, il est certain que le Gothard concurrencera d’autres projets de réfection de routes nationales romandes comme par exemple celui de l’A5, Colombier–Cornaux ou de l’A9, Montreux–Roche. L’entretien de deux tubes au lieu d’un seul grèvera le fonds destiné à l’entretien des routes ; une somme proche de 190 millions de francs, 13 % du budget total, fera alors annuellement défaut. Pascal Broulis, conseiller d’Etat vaudois déclare sans ambages : « L’argent manque et le Conseil fédéral le sait pertinemment. » Toute la Romandie est unanime : sans un financement garanti, pas de deuxième tube !
Principaux projets d’infrastructure prévus en Romandie
Côté rail :
agrandissement de la gare de Lausanne : 1100 mio
Agrandissement de la gare de Genève: 790 mio
Point de croisement entre Coppet et Genève, aménagement en gare de Renens : 180 mio
Amélioration de la ligne Lausanne–Berne : 300 mio
Côté route :
contournement de Morges : 5,5 mia avec l’autoroute du Glattal
Traversée du lac Léman : 3 mia
Contournement de La Chaux-de-Fonds: 520 mio.