Toutes les marchandises d’un grand distributeur acheminées par rail jusqu’au cœur de Genève ? C’est le parti de RailCare qui approvisionne les 42 magasins de Coop Genève. Un projet unique en Europe.
ip. Alors que le rail est souvent considéré comme avantageux pour le transport longue distance, Coop expérimente depuis trois ans l’approvisionnement de ses magasins genevois depuis la centrale romande du groupe, distante de 63 km. A part le pain frais, tout l’assortiment des supermarchés est livré par le rail.
« Nous sommes très satisfaits, l’expérience a montré que le transport combiné peut être mis en œuvre avec succès, même sur de courts trajets » déclare Ramón Gander, porte-parole du groupe. Il explique que ce projet s’inscrit dans l’engagement du groupe pour la protection du climat, avec comme objectif d’avoir un bilan CO2 neutre d’ici 2023. Mais le rail est aussi un atout pour réaliser l’approvisionnement des magasins, les trains peuvent circuler en tout temps, contrairement aux camions, interdits de circulation la nuit et ralentis par les embouteillages de jour.
Le principe du train-navette cargo
Ce sont trois trains qui relient six jours sur sept la centrale de distribution vaudoise d’Aclens à la gare de La Praille. Le premier train arrive à 2 heures du matin avec les fruits et légumes, les convois suivant arrivent vers 4h30 puis 11h15. RailCare, filiale du groupe Coop depuis 2010, opère avec des navettes relativement courtes (240 mètres) qui empruntent des sillons à grande vitesse comme le transport de passagers. Chaque navette ferroviaire transporte jusqu’à 28 caisses mobiles, pour le distributeur mais aussi pour d’autres clients, dont Mac Donald. Les caisses sont déchargées horizontalement. En quelques minutes, la caisse coulisse du train au camion qui achemine la marchandise jusqu’aux points de vente. Une quinzaine de camions suffisent. Coop indique ainsi économiser une soixantaine de trajets routiers par jour entre la centrale vaudoise et Genève.
L’approvisionnement des villes
Le bas prix du carburant est actuellement peu favorable au rail. Mais pour Sylvain Galé, responsable romand de RailCare, Coop fait un pari sur l’avenir. « Arriver au cœur de villes en train sera une force pour Coop d’ici 2025, avec la saturation du réseau routier, l’augmentation du prix du carburant et à terme de la RPLP ». Coop indique vouloir étendre ce projet à d’autres agglomérations, dont Bâle à moyen terme.
L’approvisionnement par train des villes n’est en soi pas nouveau. La coopérative régionale Migros Genève jouxte la gare marchandises, ce qui lui permet d’être directement livrée. Migros travaille depuis plus de 50 ans avec CFF Cargo, dont elle est le principal client. « 100 % des aliments non périssables et des produits non alimentaires viennent à Genève par rail, seules les denrées périssables viennent en camion jusqu’à la centrale » indique Jean-Bernard Pouget, responsable logistique et transports pour Migros Genève. Le bilan de Coop semble donc meilleur, mais la complexité des chaînes logistiques rend la comparaison délicate. A l’exemple des produits maraîchers genevois qui, dans le cas de Coop, sont livrés en camion à Aclens pour revenir à Genève avec RailCare. Un désavantage lié à la centralisation voulue par Coop, qui dispose d’une seule centrale en Suisse romande, contre quatre pour Migros.
L’engagement des deux grands distributeurs pour le rail est à saluer. La Confédération a d’ailleurs remis cette année le prix Watt d’or stratégie d’entreprise à Migros et Coop pour leur volonté de réduire leur consommation d’énergie et leurs émissions de CO2. Le prix Watt d’or a également été décerné à l’Initiative des Alpes en 2007 pour la bourse du transit alpin.
Le projet novateur de Coop atteste la faisabilité et la fiabilité du transport combiné non accompagné, également sur de petites distances.