Lorsque la Suisse aura construit un deuxième tunnel au Gothard, la capacité routière pourra être doublée en tout temps. Ce problème ne peut être ni éludé ni empêché par la loi.
La discussion sur les répercussions réelles conséquentes à la construction d’un deuxième tube est accompagnée de différentes idées erronées.
Photo : Initiative des Alpes
Aucun projet d’extension ? Deux tunnels au Gothard pour ne les utiliser qu’à moitié, c’est un peu comme Seldwyla confiait Madame Doris Leuthard en février 2012. Et pourtant, elle planifie dans cette direction. Ce deuxième tunnel proposé par le Conseil fédéral semble passer sur le papier pour un projet d’assainissement, mais en réalité, il remplit les conditions relatives à la construction pour une utilisation sur quatre voies. Toutes les études effectuées par le Conseil fédéral ont démontré que l’assainissement pouvait être réalisé SANS construction supplémentaire. Donc, un deuxième tunnel ne peut être considéré comme un pur projet d’assainissement ; cela n’est par conséquent qu’un projet d’extension camouflé !
Respect de la Constitution ? Les partisans d’un deuxième tube répètent volontiers que la protection des Alpes et la Constitution seront respectées. Ce n’est pas le cas, car aucune mesure soit-elle constructive ou légale, ne pourra empêcher à long terme l’utilisation des quatre voies au Gothard. La construction d’un tunnel supplémentaire sous le prétexte d’assainissement sape définitivement, étape par étape, la protection des Alpes et passe outre la Constitution. La constitutionnalité doit être mesurée au potentiel de capacité technique d’utilisation du second tube et non à la volonté de ne l’utiliser qu’à moitié.
Indépendance garantie ? Avec un doublement du tunnel routier, la Suisse renoncerait à son indépendance en matière de transport et s’exposerait au chantage. Des analyses juridiques indépendantes ont démontré que l’UE, en se fondant sur les accords sur les transports terrestres, pourrait imposer l’ouverture des quatre voies dès la fin de la construction – l’accord n’autorisant finalement aucune restriction artificielle de la capacité.
Projet durable ? Contrairement aux déclarations du Conseil fédéral, un deuxième tube n’est pas durable, ni du point de vue des investissements et des frais consécutifs, ni du point de vue de la consommation d’énergie, de la qualité de l’air ou de la santé de la population. Il est prouvé que
le transport par le rail est non seulement plus écologique et plus respectueux des ressources mais aussi beaucoup plus sûr que les transports routiers.
Tessin isolé ? Contrairement aux prétentions des partisans d’un deuxième tube, le Tessin ne sera pas du tout isolé lors des travaux de réfection du tunnel routier.
Le Conseil fédéral lui-même a démontré qu’un ferroutage performant permettrait une excellente liaison, même par la route. Le Tessin sera par contre isolé en misant sur un deuxième tube. Avant sa mise en service, le tunnel existant devra être assaini d’urgence. Dans ce cas, il n’existerait AUCUNE mesure de substitution par le rail. Ce qui signifie que, pendant 140 jours, le Tessin ne serait accessible que par les cols. Les Grisons et le Valais devraient alors supporter un accroissement massif de la circulation.
Ce qu’on oublie aussi: en 2014, le Tessin sera accessible beaucoup plus aisément ; la nouvelle ligne ferroviaire entre Mendrisio et Varese offrira une liaison directe avec la ligne du Simplon et la durée du trajet de Lugano à Lausanne se raccourcira d’une heure. Et à partir de 2016, le tunnel de base du Gothard réduira d’une heure les temps de trajets du ou vers le Tessin.
Plus de sécurité ? De nombreux automobilistes ont peur de traverser le tunnel routier du Gothard. Cependant, les tunnels sont aussi sûrs que les tronçons ouverts des autoroutes suisses. Depuis 2001, des millions ont été investis en mesures de sécurité. Cette dernière décennie, six personnes ont perdu la vie au Gothard, 4086 au total sur les routes suisses dans le même laps de temps. Selon le bureau de préventions des accidents bpa, un deuxième tube améliorerait à peine la sécurité. ET : trois pour-cent de trafic supplémentaire, plausibles avec un second tube, augmenteraient le nombre des accidents sur la totalité de l’axe ! L’avantage présumé d’un second tunnel se révèle donc être un désavantage.
De l’argent en abondance ? Un deuxième tube coûte au moins un milliard de plus qu’un assainissement avec offre de substitution par le rail. Ce milliard manquera donc pour réaliser d’autres projets, principalement dans les agglomérations! Les partisans préfèrent ne pas en parler comme ils se taisent aussi sur les frais d’exploitation et d’entretien qui eux doubleraient. L’échec de la politique de transfert du trafic coûterait quelques millions supplémentaires à l’Etat.
Point de préoccupation ? Quelques 17 000 véhicules traversent par jour en moyenne le tunnel du Gothard. Une fréquence plutôt faible comparée aux 140 000 circulant quotidiennement sur d’autres tronçons routiers. En outre, le trafic au Gothard n’a pas augmenté depuis 2001. Les partisans prétextent pourtant que cet axe est, du point de vue trafic, le centre des préoccupations du pays. Les plus longs bouchons sont formés par le trafic de loisirs et non les jours ouvrables.